J’ai cette idée romantique de dessiner et de peindre en voyageant avec pour seuls outils un carnet et un coffret d’aquarelle. Je m’imagine inspirée, sur la plage, dans la jungle ou la fenêtre d’un hôtel européen, en train d’esquisser facilement, dans un élan créatif, puisqu’étant en vacances, je serais détendue et sans obligations. Quel fantasme! Je suis véritablement assaillie d’inspiration quand je voyage, mais rarement satisfaite de ce que je crée. Je fais quelques esquisses rapides, mais je n’accorde pas le même temps à mon travail que je le ferais chez moi et alors le résultat n’y est pas.
À vrai dire, je n’ai peut-être pas envie de dessiner ni de travailler en voyage ou en vacances. Ce que j’ai réellement envie de faire, c’est de décrocher et d'éviter toute culpabilité créative. Il y a eu une époque où c’était possible pour moi, même en dessinant. Mais c'était avant que j’en fasse mon métier, et aussi bien avant l’ère des réseaux sociaux. Cette époque est révolue.
Il y a toujours cette petite voix;
« L’endroit est inspirant, le voyage est une occasion de t’inspirer et de stimuler ta curiosité. Tu ne veux pas la laisser passer. »
Voici quelques notes à moi-même pour m'aider à trouver l’équilibre entre le lâcher-prise et la création, au lieu de retomber dans la même vieille culpabilité créative la prochaine fois.
1. Faire des esquisses rapides à retravailler ou simplement apprécier plus tard
On se surprend souvent à être plus ludique quand on se dit que ce n’est qu’une esquisse. Des dessins qu’au départ je n'avais même pas l’intention de montrer finissent par me plaire. Je juge toujours mes esquisses très durement sur le moment, mais avec le recul et en regardant celles d’autres artistes, je me rends compte qu’il y a beaucoup de charme dans cette spontanéité que je n'apprécie pas toujours à sa juste valeur. Parfois, ces croquis servent de base pour des illustrations plus complètes. Parfois, ils se suffisent à eux-mêmes.
Esquisse inspirée du bar art déco Atlas à Singapour
2. Documenter ses inspirations avec des photos et des notes
C’est une façon créative de capturer des idées sans avoir l'impression de travailler. Ça me permet aussi de cataloguer des images et des impressions rapidement, sans matériel encombrant, puis de passer à autre chose.
Petite illustration inspirée du jardin des orchidées de Singapour, créée après mon voyage
3. Suivre son inspiration
Normalement, je fais tout le contraire : j'essaie de ne pas attendre l'inspiration et de travailler avec discipline, qu'elle soit présente ou non. Mais les vacances sont l'opposé des circonstances habituelles, et ça fait du bien de ne pas se forcer. Laisser les idées venir d'elles-mêmes, dessiner si l'envie est là, et sinon, accepter de simplement profiter du moment.
4. Cultiver son regard d'observatrice
Prendre le temps d’explorer visuellement, apprécier la nouveauté, les détails et les petites choses. Remplacer les écrans par l'observation, accepter le calme et même l’ennui. C'est une belle manière de stimuler sa curiosité sans pression.
Kumquats décorés de poissons rouges, symboles de prospérité pour le Nouvel An chinois, vus à Singapour.
5. Se reposer vraiment
Avec la surstimulation constante des réseaux et des écrans, se reposer est un travail en soi. J’ai l’impression que je n’y suis pas arrivée complètement depuis des années, mais j’imagine que c’est le meilleur allié d'un travail créatif que de parvenir à déconnecter, à se détendre et revenir reposée et inspirée. C’est l’objectif inspirant de mes prochaines vacances!
Super intéressant. J'ai adoré voir les photos qui inspirent tes illustrations, côte à côte. Ça donne un petit aperçu du contexte et une comme une petite fenêtre sur comment tu perçois les choses.